Du 8 septembre au 23 octobre 2022, le Centre pour la photographie exposera les photographies de Karine Pierre sur le Liban.
Horaires d’ouverture de l’exposition
Du 8 au 18 septembre : tous les jours 10h – 12h30 et 15h – 18h (sauf ve 16 matin)
Du 19 au 30 septembre : sur rendez-vous
Week-end des 1 et 2 octobre : 10h – 12h30 et 15h – 18h
Du 3 au 21 octobre : sur rendez-vous
Week-end des 22 et 23 octobre : 10h – 12h30 et 15h – 18h
Contact : 06 47 32 65 22
Entrée gratuite
Le travail exposé a été finaliste du Visa d’or du CICR, de la Bourse Canon de la femme photojournaliste, du Prix Roger Pic, du Prix Lucas Dolega et a été sélectionné pour l’IWPA Award. Elle-même a été lauréate 2021 du “Prix Résidence pour la photographie” des Treilles et, l’année suivante, de la bourse des Amis du Musée Albert-Kahn. Karine Pierre reçoit le soutien de la photographie documentaire contemporaine du CNAP pour son prochain projet.
Gaza Hospital – Sabra – Beyrouth (2020 - 2022)
Construit en 1978 par l’OLP, l’Hôpital Gaza a ouvert ses portes l’année suivante à Sabra – Beyrouth ouest. En 1982, la société du croissant rouge palestinien en prend la direction. L’hôpital offrait des soins de pointe délivrés gratuitement à toute la population de Beyrouth.
Durant le massacre de Sabra et Chatila, le personnel est évacué et les installations fortement endommagées. Il peut cependant rouvrir ses portes. De 1985 à 1987, pendant la "Guerre des Camps", l’Hôpital Gaza est pris pour cible par les milices du parti chiite Amal soutenues par l’occupant Syrien. Le 16 janvier 1988, Nabih Berri, chef du parti Amal aujourd’hui toujours au pouvoir, annonce la fin du siège des camps de réfugiés palestiniens à Beyrouth. La Sixième Brigade se retire pour être remplacée par les troupes syriennes. Dans l’intervalle, l’hôpital est totalement démantelé et les installations sont pillées ou détruites. Des blocs chirurgicaux, en passant par le système électrique et jusqu’aux ascenseurs, rien ne sera épargné.
De l’hôpital, il ne reste plus qu’une carcasse vide vers laquelle les Palestiniens afflueront pour y trouver un fragile refuge. Peu à peu, l’hôpital abritera des générations de réfugiés palestiniens puis des Syriens échappant aux conflits, mais aussi des travailleurs pauvres libanais ainsi que des migrants égyptiens, marocains, bangladais fuyant la misère. L’Hôpital Gaza est ainsi devenu une condensation de l’histoire des mouvements migratoires du bassin oriental de la mer Méditerranée. Un palimpseste à lire dans sa verticalité.
L’ancien hôpital implanté à la frange de la ville encore orgueilleuse il y a peu, fut érigé dans une zone surpeuplée à grande majorité sunnite. Son bâti idéologique que fut le combat d’un peuple sous la bannière de l’OLP s’est mué au fil des décennies pour devenir un concentré de pluralités régionales et internationales, sans autre motif premier que celui de la survie. Ceux-là même qui composent pour partie la population du Liban et qui le divisent, tous devenus réfugiés dans ce lambeau urbain.
Ennemis d’hier pour certains, ils partagent à présent l’ossature d’une même architecture délabrée aux strates poreuses, conjugués par les nécessités de la précarité extrême et de la promiscuité. Là se constituent par capillarité des familles transnationales, parfois transculturelles. En ce sens, l’Hôpital Gaza propose l’iconographie d’un "sur-vivre" ensemble, d’une société qui, si elle demeure parfois étagée économiquement, se modifie peu à peu au-delà des origines. Ici, les lignes de démarcations qui continuent à cloisonner les différentes communautés du pays afin de conserver un système de clientélisme et de corruption, s’effacent un tant soit peu, rappelant en filigrane mais non sans ironie que jadis, cet hôpital était pour tous.
Alors que les populations de l’Hôpital Gaza opèrent un lent déplacement vers une possible hospitalité, la terrible crise économique organisée par la faillite d’un système politique mortifère et discriminatoire ne lègue aux plus pauvres d’entre eux qu’un "en commun", celui d’y mourir ensemble, lentement.
Karine Pierre
Diplômée du Conservatoire National de Genève, Karine Pierre a travaillé au théâtre de 1990 à 2018. Parallèlement à sa carrière de comédienne de théâtre et de monteuse film, elle commence la photo en autodidacte en novembre 2015. A l’été 2018, elle décide de se consacrer exclusivement à la photographie et entreprend une formation à l’école de l’image Gobelins tout en continuant de couvrir l’actualité sociale et politique en France. Fin 2019, elle se concentre sur des sujets documentaires à plus long terme et se rend en Libye puis au Liban.
karinepierre.photo@gmail.com
Tél. 06 63 69 71 21
https://hanslucas.com/kpierre/photo
© Karine Pierre. Il est strictement interdit de reproduire les photographies figurant sur ce site.
En pièce jointe figure le communiqué de presse de l’exposition.
Avec le soutien de la ville de Gaillac et du département du Tarn.